vendredi 1 février 2013

La Transition Alimentaire

La Transition Alimentaire


Manger végétal - ou végétarien - c'est bien; dans l'absolu, c'est, pour des tas de raisons, probablement mieux que de manger aussi carné - ou carnivore -, ce que l'on appelle le régime omnivore

Si cela ne l'était pas déjà, ceci est devenu, au fil des dernières décennies, en Europe depuis les années trente, une évidence pour un nombre croissant d'êtres humains sur la Terre.

Oui, mais, voilà, lorsque le corps est carnassier depuis - en considérant l'hérédité - des millénaires et depuis des générations et {encore} des générations, peut-on, quasiment sans transition, passer du régime omnivore au régime purement végétal

La plupart des végétariens pensent que oui; se pourrait-il qu'ils se tromp{ass}ent?

Ce sujet est précisément abordé par Abdruschin, qui, déjà dans les années vingt, fut justement questionné à ce sujet:

La question à lui posée était la suivante: "Comment doit-on se placer en face du végétarisme absolu {prôné par} de nombreux réformateurs de vie?".

Voici ce que, alors, Abdruschin répondit (les italiques sont d'origine; les mises en gras et variations de couleurs sont de nous):
"(...) Pour les guides et les adhérents de ce que l'on appelle "réforme de vie". Ici le chemin est certes juste, mais, l'on veut déjà exécuter, aujourd'hui, ce qui ne sera approprié que dans des générations, et c'est pour cette raison que cela n'est, aujourd'hui, pour la plupart des êtres humains, pas moins dangereux en ce qui concerne l'effet final. Il manque l'indispensable transition. Le moment pour commencer est {certes} là! L'on ne peut, cependant pas, sans plus, y sauter avec les deux pieds, mais l'on doit, au contraire, {n'}y diriger l'humanité {que} lentement. Pour cela, des dizaines d'années ne suffisent pas! Tel que cela est pratiqué aujourd'hui, il n'en résulte, en réalité, malgré un bien-être apparent du corps, qu'un affaiblissement, du fait de la rapidité de la transition. Et le corps, par conséquent affaibli, ne pourra jamais se renforcer de nouveau!
Nourriture végétale! Elle apporte, de façon tout à fait exacte, un affinement du corps humain, un ennoblissement, et aussi le renforcement et une grande santé. Par là même, l'esprit aussi s'en trouve, encore plus, élevé. Cependant, tout cela n'est pas pour l'immédiat, pas pour l'humanité d'aujourd'hui. Dans les tentatives et les combats l'on constate l'absence d'une Guidance réfléchiePour le corps d'aujourd'hui, en aucune circonstance, ne suffit, de façon totalement dépourvue de transition, la nourriture végétale, comme l'on veut, si souvent, l'essayer. C'est tout à fait bien si elle est utilisée passagèrement et, peut-être même, parfois, durant des années, chez des malades, {c'est} même exigible pour guérir quelque chose, ou pour aider à renforcer, de façon unilatérale, à n'importe quel endroit, mais cela ne doit pas durer. Il faut, lentement, de nouveau, reprendre la nourriture habituelle aux êtres humains d'aujourd'hui, si le corps doit conserver sa pleine force. L'apparence de bien-être trompe. 
Assurément, c'est très bien, si des bien-portants, eux aussi, utilisent, parfois, durant un certain temps, uniquement la nourriture végétale. Alors, ils se sentiront bien, sans aucun doute, et ressentiront aussi un libre élan de leur esprit. Mais cela, c'est le changement qui l'apporte avec lui, et qui, comme tout changement, rafraîchit, même spirituellement.
Cependant, s'ils maintiennent soudainement et durablement cette nourriture unilatérale, alors ils ne remarquent pas que, en réalité, ils deviennent plus faibles et, pour beaucoup de choses, plus sensibles. La tranquillité et l'état d'équilibre, dans la plupart des cas, ne sont pas {des} forces, mais une faiblesse d'un genre tout particulier. Elle se manifeste agréablement et non pas de façon oppressante, parce qu'elle ne trouve pas son origine dans une maladie.
L'équilibre {alors atteint} est semblable à l'équilibre de la vieillesse, qui, en dehors de l'affaiblissement du corps, est encore saine. Il se tient, à tout le moins, de manière significative, plus proche de ce genre de faiblesse que de la faiblesse due à une maladie. Le corps, par suite du manque soudain de ce à quoi il était habitué depuis des milliers d'années, ne peut pas fournir la force sexuelle dont l'esprit a besoin pour le plein accomplissement de son but dans la matière. -
Beaucoup de végétariens déclarés le remarquent à la légère modération de l'instinct sexuel, qu'ils saluent joyeusement comme un progrès. Cependant, ce n'est absolument pas le signe de l'ennoblissement de leur esprit par l'alimentation végétale, mais c'est {au contraire, celui de} l'effondrement de la force sexuelle, qui doit, de la même manière, entraîner aussi avec elle la diminution de leur essor spirituel dans la matière.
Ce ne sont ici qu'erreurs sur erreurs, puisque l'être humain ne considère, presque toujours, que ce qu'il y a de plus proche devant lui. Certainement, il est à saluer, et c'est un progrès, que, par l'ennoblissement de l'esprit, l'instinct sexuel inférieur devienne largement plus modéré qu'il ne l'est aujourd'hui. Il est aussi exact que le plaisir {résultant de la consommation} de la chair {animale} accroît l'instinct sexuel inférieur, mais nous ne pouvons pas le mesurer d'après l'humanité actuelle, puisque, chez elle, l'instinct sexuel a été unilatéralement et maladivement cultivé, il est, aujourd'hui, de façon générale, anti-naturel. Mais cela n'est pas uniquement à mettre sur le compte du plaisir de la chair [viande].
La modération de l'instinct sexuel ne dépend absolument pas, non plus, de la diminution de la force sexuelle. Au contraire, celle-ci est capable de se tenir à côté de l'esprit humain en l'encourageant, lorsqu'il veut se libérer de sa dépendance, aujourd'hui {si} prononcée, à l'égard de ce sauvage instinct! La force sexuelle est même le meilleur moyen pour cela. -
Les guides de l'actuelle réforme de vie sont, par leurs efforts, déjà à considérer comme les pionniers de la prochaine grande époque d'évolution continue de l'humanité qui arrive, {et} qui, en toutes circonstances, s'avance et, sans relâche, se presse victorieusement en avant, même si tout l'ancien, étriqué, veut s'y opposer en combattant désespérément. Cependant, ces pionniers doivent d'abord devenir des guides! Un guide ne peut pas sauter par dessus ce qui existe sans prendre en considération le présent. Il doit, en même temps, regarder plus loin en direction de l'avenir, mais encore aussi en considérant tout le {genre} gros-matériel. Et alors il reconnaîtra qu'avec la manière présentement utilisée il devait nécessairement subsister une lacune, qui se rendait toujours perceptible et doit, en définitive, obligatoirement provoquer l'effondrement de la meilleure construction. Le pont manque! Afin que les corps de l'humanité d'aujourd'hui puissent suivre avec {le reste}, sans inconvénient pour l'activité de l'esprit. La transition, en tant que premier pas, est la limitation à la viande blanche. C'est-à-dire: volaille, viande de veau, agneau, et le reste, à côté d'une alimentation végétale accrue. Ce n'est qu'ainsi que, lentement, un pas peut survenir, l'un après l'autre. Jusqu'à ce qu'enfin, par une tranquille transition, le corps soit suffisamment entraîné pour {pouvoir} conserver sa pleine force dans l'alimentation végétale!
"Ne négligez pas votre corps", aimerais-je crier aux uns, pour les avertir! à l'autre partie, inversement, {je crierais}: "Pensez à l'esprit!". Par la suite, le {point de vue} juste, déjà, mûrira encore, {pour finir par émerger} hors des confusions du temps présent."
(Publication "Gralsblätter" - Série 2, Cahier    3-4-5)

En résumé: La nourriture végétale intégrale est en elle-même globalement excellente, tant pour le corps que pour l'esprit. Toutefois, pour qu'elle puisse être réellement bénéfique à long terme une importante transition devant s'étaler sur des générations est absolument nécessaire, car le métabolisme humain évolue très lentement. Et, comme le dit fort pertinemment le proverbe, "L'habitude est une seconde nature"!

Par ailleurs, dans un article intitulé "La dérive nutitionnelle contemporaine", à ce sujet, de son côté, le célèbre nutritionniste Michel Montignac écri{vi}t:
"Il y a plusieurs enseignements à tirer de l’histoire de l’alimentation de l’homme.
Le premier, c’est que, bien qu’il soit omnivore, l’homme pendant plus de 98% de sa présence sur terre (entre 3 et 7 millions d’années) a eu une alimentation essentiellement carnée (protéines + lipides) avec des apports glucidiques très peu hyperglycémiants et donc à index glycémique très bas.
Il y a une dizaine de millénaires, avec l’apparition de l’agriculture et au gré des conditions géologiques et climatiques, l’alimentation des différentes populations humaines s’est progressivement transformée. Puis en fonction de l’évolution des différents modes de vie et des mouvements migratoires et sous l’influence des premières grandes civilisations de l’Antiquité, elle s’est encore transformée.
De nombreux aliments nouveaux sont alors apparus (céréales, légumineuses, fromages, volaille, huile d’olive…) de même qu’ont été inventées de nouvelles technologies de transformation (cuisson du pain au four, fermentations, salaisons…).
Ces 10 000 années (certes bien courtes à l’échelle de l’histoire de l’Humanité, mais très longues par rapport à une vie d’homme), ont sans doute permis au métabolisme humain de s’adapter progressivement au changement alimentaire et notamment en lui permettant de faire éclore le système enzymatique approprié pour assimiler tous les nouveaux aliments.
Mais il serait abusif de considérer cette modification du paysage alimentaire de l’humanité comme l’apparition d’un mode nutritionnel radicalement différent. Elle ne fut en fait qu’une évolution de l’alimentation primitive et non une véritable mutation.
Il faut entendre par là que tous ces nouveaux aliments étaient parfaitement compatibles avec le métabolisme des hommes préhistoriques. Et c’était notamment le cas de tous les «nouveaux» glucides (céréales, légumineuses, légumes, ….) dont l’index glycémique était particulièrement bas et qui, comme les racines et les baies des hommes primitifs, contenaient une quantité de fibres importantes.
C’est ainsi que, pendant les dix-huit siècles qui vont de Jésus-Christ à la Révolution Française on peut considérer qu’à part quelques plantes exotiques importées du Nouveau Monde, dont la présence sur les tables était «confidentielle», aucun aliment vraiment nouveau n’est venu bouleverser le paysage nutritionnel.
Même s’il y avait des différences importantes d’un groupe social à l’autre, l’ensemble de la population européenne consommait une alimentation dont la nature (en terme de qualité nutritionnelle) n’avait pratiquement pas variée depuis des millions d’années.
Les riches, minoritaires, mangeaient certes une proportion plus importante de produits carnés. Mais leur organisme était tout à fait capable de supporter ce «déséquilibre» alimentaire, car, après plusieurs millions d’années d’un régime majoritairement protéique et lipidique, leurs ancêtres primitifs leur avaient légué un patrimoine génétique métabolique parfaitement adéquat.
L’apparition insidieuse des mauvais glucides
Pour comprendre ce qui arrive à notre époque il importe, comme toujours, de prendre du recul. Cela consiste à examiner les coupables, en l’occurrence les glucides à index glycémiques élevés, et à se demander d’où ils viennent et comment est-ce qu’ils ont pu insidieusement contaminer tous les modes alimentaires de la planète.
On peut situer l’apparition des principaux «mauvais glucides» à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle. Mais, curieusement, deux d’entre eux sont des «enfants naturels» de la Révolution Française.
Les farines raffinées

Le blutage des farines, c’est à dire leur tamisage a toujours existé. Il était autrefois réalisé à la main avec des tamis très grossiers et la plupart du temps, cela consistait à enlever le son du blé. Mais compte tenu du prix de revient de l’opération et de la réduction d’une partie substantielle de la quantité de farine brute, sa consommation était réservée comme on l’a vu aux privilégiés. La farine blutée étant un luxe, il est bien évident que le peuple n’avait pas les moyens de consommer du pain blanc. Il devait se contenter d’un pain à farine grossière non blutée, dit pain noir, car il comportait aussi une certaine quantité de seigle.
La Révolution Française ayant eu pour objectif l’abolition des privilèges des riches, le peuple fit du pain blanc (celui des privilégiés) l’une de ses revendications symboliques même s’il était conscient qu’il s’agissait d’un vœu pieux. Car l’insuffisance de la production de blé d’une part, comme le gaspillage et le temps passé au tamisage d’autre part, limitait sérieusement la réalisation immédiate de ce rêve collectif. Il resta cependant l’une de ses aspirations les plus fortes.
C’est ainsi qu’il fallut attendre 1870 (presque un siècle plus tard) que fut découvert le moulin à cylindre, pour faire baisser d’une manière substantielle le prix de revient du raffinage de la farine et commencer à offrir au plus grand nombre son pain blanc quotidien.
C’est donc à partir de cette époque (un peu plus d’un siècle par rapport à la nôtre) que l’on a commencé, très progressivement d’ailleurs, à modifier sans le savoir, la nature (c’est à dire le potentiel métabolique) d’un produit qui occupait une place importante dans l’alimentation.
La conséquence fut une légère augmentation de la résultante glycémique des repas, avec comme l’on sait, une stimulation un peu plus forte des pancréas dans leur fonction insulinique.
Les pommes de terre
Il est frappant de constater combien les gens, y compris ceux qui sont instruits et raisonnables, peuvent avoir autant de préjugés, d’illusions et de méconnaissances à propos d’aliments qu’ils consomment quotidiennement.
C’est le cas notamment en ce qui concerne la pomme de terre.
Car beaucoup d’entre eux croient encore que ce tubercule appartient au patrimoine alimentaire ancestral de la vieille Europe tant il est ancré dans leurs propres habitudes de consommation. Ils devraient savoir au contraire que la pomme de terre n’a commencé seulement à apparaître dans les assiettes de nos arrières-arrières grands-parents qu’au début du XIXème siècle, après que l’agronome français Parmentier l’eut proposé comme substitut (provisoire) du blé pendant les périodes de famines qui ont précédé la Révolution.
Depuis sa découverte au Pérou, au milieu du XVIème siècle, la pomme de terre n’avait servi qu’à engraisser les cochons. On l’appelait d’ailleurs «le tubercule à cochons» et elle faisait l’objet d’une grande méfiance, au point que l’Eglise en avait même officiellement interdit la consommation. On la soupçonnait en effet de véhiculer la peste.
La pomme de terre aurait pu être un aliment intéressant à condition de la consommer crue. Or la nature particulière de ses amidons fait qu’elle est indigeste pour l’organisme humain qui, contrairement à celui du cochon, ne dispose pas du système enzymatique adéquat pour la dégrader et en assimiler son contenu nutritionnel.
C’est pourquoi le seul moyen de rendre la pomme de terre digeste, pour l’homme, c’est de la cuire. Mais étant donné la très grande fragilité de ses molécules d’amidon, la cuisson en entraîne une déstructuration telle que son index glycémique s’élève d’une manière excessive.
Mais pendant tout le XIXème siècle et même au début du XXème siècle, la pomme de terre n’a été consommée (presque exclusivement) que cuite dans sa peau sous la cendre ou dans l’eau, c’est à dire à une température relativement basse. On sait aujourd’hui que c’est le seul type de cuisson qui en limite son effet glycémiant (environ 65) car en purée, au four et surtout en friture, l’index glycémique est considérablement élevé (90 à 95).
De plus, pendant plus d’un siècle, la pomme de terre quand elle faisait partie du repas (ce qui était quotidiennement le cas de la majorité des gens modestes) était toujours accompagnée de végétaux (choux, poireaux, blettes… en France) ou de légumineuses (lentilles en Espagne) dont le contenu en fibres était particulièrement important. La résultante glycémique du repas restait donc globalement modeste (vers 50). La réponse insulinique correspondante, même si elle était supérieure à ce qu’elle avait été en moyenne avant l’apparition de la pomme de terre n’était sans doute pas encore de nature à générer un hyperinsulinisme.
Le sucre
Dès qu’un événement national ou international (comme la grève des camionneurs en France, ou la guerre du Golfe dans le monde) induit dans le Grand Public l’idée d’un risque de pénurie des approvisionnements alimentaires, les ménagères se ruent dans les magasins pour faire des provisions de ce que l’on nomme «les produits de premières nécessités». Et parmi eux, souvent en tête de liste, figure le sucre blanc (saccharose) ce qui est un comble pour deux raisons.
La première parce que le sucre n’est pas un aliment à part entière, puisqu’il n’apporte rien à l’organisme, sinon des «calories vides» comme l’admettent (et le dénoncent) les nutritionnistes.
La deuxième raison, qui d’ailleurs découle de la première, c’est qu’il n’y a aucune nécessité pour l’être humain à consommer du sucre. Ce serait même le contraire puisqu’il y aurait plutôt une grande sagesse à ne pas en manger.
Le sucre est en effet un aliment qui ne sert à rien et c’est bien pourquoi l’humanité a pu s’en passer pendant 99.9% des millions d’années de son existence sur terre (le miel restait, nous l’avons déjà dit, une consommation extrêmement marginale réservée seulement à quelques "privilégiés").
Depuis la découverte de la canne à sucre par Alexandre Le Grand en 325 avant Jésus-Christ et jusqu’au XVIème siècle, le sucre fut quasiment inconnu du monde occidental. Il était parfois, mais très exceptionnellement, consommé comme une épice dont la rareté en faisait un produit très onéreux, accessible seulement aux plus fortunés. D’ailleurs il n’était plus disponible que chez les apothicaires (anciens pharmaciens).
La découverte du Nouveau Monde permit un relatif développement de la canne à sucre, aux Antilles notamment. Mais son transport et son coût en raffinage en firent toujours un produit de luxe réservé aux privilégiés.
A la veille de la Révolution Française, en 1780, la consommation de sucre était ainsi très inférieure à 1 kg par an et par habitant. C’est la découverte en 1812 du procédé d’extraction du sucre de betterave qui fit progressivement du sucre un produit de grande consommation, son prix de revient étant constamment réduit.
Pour la France, les statistiques de consommation depuis cette époque sont les suivantes:
1800 = moins de 1kg par an et par habitant (environ 0.6 kg)
1880 = 8 kg par an et par habitant
1900 = 17 kg par an et par habitant
1930 = 30 kg par an et par habitant
1965 = 40 kg par an et par habitant
1990 = 35 kg par an et par habitant
2004 = 34 kg par an et par habitant
On réalise donc avec frayeur que même dans un pays comme la France qui a la consommation moyenne de sucre la plus faible des pays occidentaux (UK: 49 kg, Allemagne: 52 kg, USA: 56 kg (*) les quantités consommées aujourd’hui sont cinquante fois supérieures à ce qu’elles étaient au début du XIXème siècle (cent fois pour les Etats-Unis).
Or le sucre, comme nous l’avons indiqué par ailleurs, a un index glycémique élevé (70)*. Sa consommation entraîne donc une hyperglycémie,  qui a pour conséquence une stimulation excessive du pancréas dans sa fonction insulinique. 
La bombe à retardement
Nous devons donc prendre ici conscience que depuis le début du XIXème siècle, pour la première fois dans toute l’histoire de l’humanité (après plus de sept millions d’années d’existence sur terre), les hommes ont introduit à une grande échelle dans le mode alimentaire ancestral de leurs contemporains des aliments nouveaux aux effets métaboliques pervers.
Pour bien comprendre le problème, essayons de faire une supposition:
Si subitement au 1er janvier 1820 l’expérience avait été faite dans un pays occidental, de donner, à un échantillon représentatif de la population de l’époque, à consommer pendant toute l’année, du sucre, des pommes de terre et des farines blanches, dans les proportions où nous les consommons impunément aujourd’hui (50 à 100 fois plus pour le sucre) ou sous les formes hyperglycémiantes où nous les consommons désormais (farines hyper raffinées, frites et gratin dauphinois…), l’hécatombe (en termes pathologiques) dans la population concernée au 31 décembre 1820 eut été telle que le rapport de cause à effet aurait été évident pour tout le monde. Et sans aucun doute les pouvoirs publics de l’époque auraient pris les mesures nécessaires pour interdire la production et la consommation de ces produits en invoquant des raisons évidentes de santé publique. C’est un peu le même type de scénario, mais évidemment à une autre échelle, que nous suggérons à propos de l’obésité. Mais comme l’introduction de ces produits pervers (hyperglycémiants), ne s’est faite que très progressivement, dans les différentes couches de la population, les effets métaboliques induits n’ont commencés à se déclarer que très longtemps après.  
Comment pouvait-on en effet, plus d’un siècle après, en 1930, quand on a commencé à se préoccuper de la très relative obésité aux Etats-Unis, soupçonner un lent et insidieux processus qui avait été initié à doses homéopathiques au début du siècle précédent.  
Si la Thérèse Desqueyroux de François Mauriac avait donné un grand verre de cyanure à son mari dès qu’elle eut décidé de s’en débarrasser, il serait mort sur le coup. Ainsi la thèse de l’empoisonnement eut été immédiatement vérifiée et la coupable démasquée. Mais en lui donnant le poison pendant de long mois à doses infinitésimales, la criminelle a seulement fait de son mari un malade dont les symptômes pour les médecins de l’époque, étaient totalement inconnus. Le crime était donc parfait, puisque aucune relation de cause à effet ne pouvait être établie. 
Mais comme l’introduction de ces produits pervers (hyperglycémiants), ne s’est faite que très progressivement, dans les différentes couches de la population, les effets métaboliques induits n’ont commencés à se déclarer que très longtemps après.
Mais il est particulièrement dramatique de découvrir aujourd’hui que c’est précisément peu de temps après avoir identifié les symptômes d’un mal inconnu (l’obésité) que les facteurs responsables de l’hyperinsulinisme ont été paradoxalement renforcés et développés.

Le piège du débarquement

En effet en juin 1944 les Américains débarquent sur les côtes de Normandie pour libérer la France de l’occupation allemande. Dans leurs bagages ils ont des tonnes de vivres fabriquées et embarquées de long mois auparavant.
Or, pour assurer à ces vivres une bonne conservation certains procédés (traitements industriels, conditionnement) ont été inventé pour répondre aux impératifs des circonstances. Les farines ont été hyper-raffinées pour assurer une meilleure conservation et les pommes de terre ont été réduites en flocons ce qui n’avait jamais été fait auparavant.
Mais ce que l’on ne savait pas c’est que toutes ces opérations initiées pour des raisons pratiques évidentes avaient eu pour effet d’augmenter considérablement l’index glycémique de la matière de base. Et de même que la pomme de terre de Parmentier avait été au départ «un substitut provisoire» qui s’est largement étendu, ces nouveaux produits, au lieu d’être rangés au magasin des accessoires de guerre après la Libération, furent non seulement conservés mais généralisés. Ils devinrent même les précurseurs d’une interminable génération de produits raffinés et industrialisés qui transformèrent complètement le paysage alimentaire de la deuxième moitié du XXème siècle. Mais ce que personne ne savait et ne pouvait soupçonner c’est que ces produits comme leurs regrettables prédécesseurs véhiculaient avec eux une véritable bombe à retardement.
Avec le recul, nous réalisons désormais que depuis près de deux siècles, l’espèce humaine a progressivement introduit à son insu un mode alimentaire dont la nature induit sur notre métabolisme des effets pervers qui sont incompatibles avec notre constitution humaine, c’est à dire notre héritage génétique.
Encore une fois, pendant plus de sept millions d’années, les pancréas des hommes primitifs d’abord, préhistoriques ensuite, puis de ceux du Moyen Age, de la Renaissance et même de la Révolution Industrielle, ont fonctionné au ralenti. Point n’était nécessaire pour ces pancréas d’être capables de fabriquer des quantités importantes d’insuline puisque l’alimentation hyperglycémiante n’existait pas.
Le pancréas dont les humains sont pourvus est, en effet, la résultante d’une conformité aux besoins de fonctionnement et d’un historique de fonctionnement (sur des centaines de millénaires) qui constitue en partie notre héritage métabolique.
De même qu’il est impossible de rester éveillé 24 heures sur 24 plus de trois jours de suite, car notre organisme n’a pas la capacité de le supporter, il est impossible de stimuler impunément la fonction insulinique de notre pancréas au delà des limites de ses possibilités.
La prise de poids anormale n’est donc que le symptôme d’une anomalie métabolique induite par un mode alimentaire inapproprié dans un organisme non encore génétiquement adapté.
Nous comprenons donc bien désormais au terme de cet article, que c’est bien l’effet induit d’une lente et insidieuse dérive de nos habitudes alimentaires occidentales depuis le début du XIXème siècle et principalement ces dernières cinquante années qui est à l’origine de l’obésité endémique de notre époque.
Mais ce qui peut troubler, voire induire en erreur, dans le diagnostic c’est que toutes les populations humaines ne réagissent pas de la même façon aux effets pervers du mode alimentaire moderne.
C’est ce que nous essayerons de comprendre à travers la théorie de l’Atavisme Métabolique."
 Source / Lire l'article complet: Michel Montignac, dans "La dérive nutitionnelle contemporaine" .

A la lecture de ces extraits l'on comprend que le souci de Michel Montignac est principalement de montrer deux choses:


1) Le corps humain a besoin d'un très long temps pour s'adapter à un nouveau régime alimentaire; c'est ce qu'il appelle l'atavisme métabolique.

2) L'introduction relativement brutale dans la nourriture des êtres humains, à partir de la fin du XIXème siècle, d'un important pourcentage de nouveaux aliments de type glucides à fort indice glycémique, a provoqué, dans tous les pays concernés, en tant que réaction d'{in}adaptation du corps, l'actuelle épidémie d'obésité mondiale.

C'est un parfait exemple de ce qui peut se passer, comme répercussion inattendue, lorsque l'on décide arbitrairement de brutalement changer ce à quoi, pendant si longtemps, durant de nombreuses générations, le corps a été habitué.

Bien sûr, Michel Montignac, auteur d'une efficace méthode pour perdre les kilos en trop ("Je mange, donc je maigris"), insiste lourdement sur l'actuelle nocivité des aliments à fort indice glycémique, étant donné que ces aliments à fort indice glycémique provoquent, dans le corps jusque là inhabitué, une réaction d'adaptation se traduisant par de l'hyperinsulinisme (excès de sécrétion de l'insuline destinée à réguler le taux de sucre dans le sang), laquelle a pour effet de transformer ces glucides en graisses s'accumulant préjudiciablement et disgracieusement dans le corps

D'où la notion de "mauvais glucides". Considéré d'un point de vue plus profond, il n'y a pas en soi de "mauvais glucides"; il y a juste des glucides auxquels le corps n'est pas {encore} habitué. Il est tout à fait possible, en effet, que d'ici quelques générations, siècles ou millénaires, s'il y a alors toujours une humanité sur Terre, que les glucides à indexe glycémique élevé - parce que le corps aura, entre temps, appris à les traiter d'une autre manière, plus bénéfique - n'auront pas le même effet grossissant ou "obésifiant" qu'aujourd'hui.

Là encore, les découvertes, pleines de bon sens, de Michel Montignac viennent confirmer la sagesse d'un enseignement spirituel déjà donné dans les années vingt et trente du siècle précédent, et qui insiste sur cette simple donnée qui, tout bien considéré, devrait apparaître, pour tout un chacun, d'une grande évidence: Non seulement le corps humain est et demeure, toute sa vie durant, étroitement lié à son terroir d'origine mais il demeure aussi étroitement dépendant, sur de nombreuses générations, de toute la lignée génétique à laquelle il appartient.  

Et si l'on ne tient pas compte de cela, l'inévitable conséquence en est que le corps, par suite du manque soudain de ce à quoi il était habitué depuis des millénaires, ne peut plus, à partir du bas, fournir à l'esprit la force vitale dont cet esprit incarné sans ce corps a absolument besoin pour la pleine réalisation de sa raison d'être dans la matière la plus grossière.

Moralité: Allons vers le But, oui, vers une nourriture totalement végétale, mais - afin de ne pas devoir s'effondrer en chemin - progressivement, de marche en marche, étape après étape, en prenant le temps pour cela absolument nécessaire, donc en ménageant, s'il le faut, sur plusieurs générations, l'indispensable transition...

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